Rêve d’une psychothérapie

Rêve d’une psychothérapie

par Tobie Nathan

Je rêve d’une psychothérapie compatible avec le monde comme il va : un monde ouvert, polyglotte, polythéiste, cosmopolite, riche d’êtres et de choses qui entendent ne pas disparaître.

Je rêve d’une psychothérapie qui saurait intégrer les familles, les experts, qu’ils proviennnent de la profession « psy » ou d’autres disciplines, les divinités, aussi – notamment celles des autres -, les invisibles, les objets thérapeutiques.

Je rêve d’une psychothérapie acceptant de transformer réellement l’espace de consultation en un lieu de débat contradictoire, comme l’est la scène publique.

Je rêve d’une psychothérapie qui inclue des témoins, des étrangers, qui institue des vigilances pour se protéger des abus.

Je rêve d’une psychothérapie qui, tout en se saisissant des modernités, n’a pas oublié les leçons de l’histoire, qui se souvient des communautés d’autrefois où l’efficacité était évaluée pas les usagers (ce qui me semble toujours une évidence)…

Je rêve d’une psychothérapie qui ne serait plus sidérée devant la psychanalyse, qui accepterait de penser à des mots disparus des vocabulaires professionnels, tels que « oublier », par exemple …, qui saurait décrire son action en termes de « concertation », de « conciliation », de « négociation » et de « diplomatie ».., une psychothérapie, enfin, qui ne feindrait plus d’ignorer qu’elle est thérapeutique, précisément parce qu’elle est sociale, parce qu’elle est politique « 

 

Extrait de l’introduction à La Guerre des psys : manifeste pour une psychothérapie démocratique. Sous la direction de Tobie Nathan, Paris, Le Seuil, Les empêcheurs de penser en rond

 

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